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Comment ça va?

« Comment ça va ? »

Question piège ? Réponse minable ?
Je suis simplement incapable de répondre sincèrement à cette question, j’embrouille tout le monde d’illusion et ils y croient les yeux fermés car « oui ça va » était la réponse qu’ils attendaient. Ils avaient posé l’interrogation, leurs consciences étaient sereines, persuadées que je n’avais aucune peine. C’est une question de courtoisie ou de politesse, on la prononce souvent autant à l’oral qu’à l’écrit, c’est le début de la conversation alors bon, on y prête que très peu d’attention.

C’est tellement aisé de leur mentir, de les regarder dans les yeux et d’assurer qu’on est comblé. J’ignore si cela les rassure même si on est désemparé par nos blessures, ils souhaitent entendre que ça, un joli et impersonnel « oui ça va et toi ? ». Les gens disent nous connaître mais ils ne discernent même pas le mal qui ne cesse de nous consumer. Ou bien cela les arrange de ne plus avoir à nous écouter nous lamenter, car lorsqu’on se renferme sur soi même c’est qu’un jour, on nous a dit d’arrêter de se lamenter. Je sais bien que je l’ai également fait mal je ne parle plus, je ne dis rien, je reste de marbre comme si tout allait bien.

Et au fond de mon cœur, de mon être et de mon âme s’enchaîne un après un des drames. J’ai mal et j’agonise mais je ne peux me résoudre à choisir la franchise. Alors au fond, je passe tout sous mensonge, j’essaie même de croire que je vais bien me répétant que j’irai mieux demain. Cela ne m’aide pas mais j’assume mes choix, je sais bien que si je me construis une coquille, un jour celle-ci explosera sous la pression de mes problèmes accumulés. C’est tellement plus facile de nier, de céder à la lâcheté.

Et pourtant, malgré tout ce qui me broie le cœur, malgré mes milliers de rancœur et mes douleurs, je suis toujours la première à positiver, à raconter des blagues d’un humour très particulier qui fait sourire les déprimés. Je suis constamment là derrière ceux au plus bas, j’écoute l’ensemble des gens que je connais plus ou moins bien. Au fond, j’aide les autres à aller bien car moi même je n’y parviens pas, je sais que ce n’est pas mon destin d’être heureuse et totalement moi.

Mais je ne me plains pas, je vis et c’est l’essentiel je crois. J’ai eu la chance de faire des rencontres plus que formidable, de passer des moments agréables alors c’est tout ce que je retiens, c’est tout ce qui me fait sourire.
Car oui,

« Je vais bien. »

Photo : Gianne Karla Tolentino

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