Quand j’étais petite, on m’avait dit que c’était dur d’aimer. Oui, parce que l’amour est instable et incertain. On m’a dit que ça pouvait faire mal, que j’allais certainement en souffrir mais, je ne pensais pas que ça prendrait cette ampleur. Aujourd’hui, je suis amoureuse, je suis amoureuse et j’ai mal. Je souffre, j’ai peur et je me sens blessée la moitié de la journée. Et ce n’est pas mon amour qui me fait souffrir, c’est eux. Ce sont ces gens qui me regardent de travers, qui me dévisagent, qui me harcèlent parce que j’ai commis le crime d’aimer. Oui, d’aimer. De l’aimer elle, plus fort que les autres, plus forts que les hommes. Je l’aimais elle parce qu’elle représentait la personne que je voulais voir à mes côtés.
Je pensais que les autres seraient contents pour moi, je pensais qu’ils souhaitaient mon bonheur parce qu’après tout, aimer est la plus belle chose qui existe. Mais non, à longueur de journée je sens ces regards pesants, j’entends ces remarques comme quoi je suis « lesbienne », « bi » ou même « contre nature ». J’écoute clamer le monde entier que je vais à l’encontre des religions, des convictions et des normes de la société. Mais je croyais, naïvement, que ce qui prônait notre pays c’était l’égalité, la solidarité et la fraternité. Et au lieu de ça, je me fais rabaisser. Je me fais rabaisser parce que je l’aime elle, et que je ne suis pas un homme.
Je n’ai pas à m’excuser d’être qui je suis, d’aimer qui j’aime et de vivre avec qui je veux. J’ai besoin d’elle. J’ai besoin d’être avec elle. Vous connaissez ce sentiment d’amour, ce sentiment incommensurable qui vous prend les tripes, le cœur et bien plus encore. Je ne mérite pas votre haine, je ne mérite pas votre méchanceté gratuite, je mérite d’être heureuse comme vous. Vous n’êtes personne pour dire qui doit aimer et qui nous devons aimer. Vous n’avez pas le droit de me juger, de me critiquer et de me condamner pour ressentir quelque chose qui me dépasse, quelque chose qui nous dépasse. Aimer, ce n’est pas une orientation sexuelle, ce n’est pas une étiquette, c’est un cœur qui en aime un autre, c’est rien d’autre. Ce sont deux personnes qui au-delà des différences, vivent quelque chose, ce sont deux personnes qui malgré les ressemblances, s’aiment et non pas à tort.
A la vie, à la mort quoi qu’il arrive, je continuerai de l’aimer si fort.
(Texte publié le 7 février sur Facebook)